Sens de la vie selon Festival de l’Inde

Selon les textes védiques, la perfection de la vie consiste à réaliser notre relation avec Dieu, ou le Brahman Suprême. La Bhagavad Gita nous permet, par exemple, de comprendre que non seulement l’homme, mais que tous les êtres vivants font partie intégrante du Divin. Nous sommes une partie infinitésimale, une étincelle du Tout et notre position naturelle et originelle est celle de serviteur, de même que jambes, mains, doigts et oreilles servent le corps tout entier.

Nous devons faire évoluer notre conscience de façon scientifique et comprendre que l’âme spirituelle ne revêt cette forme humaine qu’après un lent processus d’évolution de plusieurs millions d’années par le biais de transmigrations successives. Les cochons, chiens, chameaux, ânes ou autres doivent affronter des défis économiques aussi importants que les nôtres, mais ils les résolvent de façon très rudimentaire, alors que l’homme peut, grâce aux gunas ou modes d’action de la nature matérielle, combler sans mal tous ses besoins.

Mais pourquoi l’homme a-t-il un tel avantage sur l’animal ? Pourquoi certains humains jouissent-ils de plus grands privilèges que d’autres ? Pour la simple raison qu’ils ont des responsabilités plus importantes. Les devoirs de l’homme sont plus élevés que ceux de l’animal, qui n’a d’autre souci que de remplir son estomac. Mais la civilisation actuelle qui tend à rabaisser l’homme à son niveau animal n’est parvenue qu’à rendre plus complexe ce problème de l’estomac vide. Lorsqu’au nom de la spiritualité, nous approchons certains de ces animaux savants, ils répondent qu’ils travaillent essentiellement pour remplir leur estomac et que s’enquérir du divin est inutile et absurde. Mais malgré leur désir intense de s’acharner au travail, ils ne peuvent parfois échapper au chômage et doivent gérer beaucoup d’autres problèmes que leur impose le monde matériel.

Cette forme humaine ne nous est pas donnée pour que nous peinions nuit et jour pour se remplir le ventre mais bien pour nous permettre d’atteindre la plus grande perfection de la vie et nous ne sommes pas ici pour trimer comme des bêtes de somme. La Bhagavad Gita explique que celui qui ne remplit pas les devoirs que lui confère la forme humaine sera obligé,  de transmigrer à nouveau dans des espèces inférieures ou en des mondes inférieurs. Par contre dans la voie ascensionnelle qu’est la recherche spirituelle, nul effort n’est vain, nul bienfait acquis n’est jamais perdu. La connaissance de l’âme permet donc à l’être vivant d’évoluer, en s’efforçant de cultiver d’une part la connaissance, et d’autre part le détachement. La Bhagavad Gita dépeint en effet le détail de tous les attachements qui, comme une ancre, retiennent prisonnier le vaisseau du corps humain dans l’océan de l’existence matérielle. Ce monde temporaire est, il faut le reconnaître, un lieu de souffrance où personne ne peut vraiment triompher des maux que sont la maladie, la vieillesse et la mort même en avançant toutes sortes d’hypothèses ou de concepts philosophiques. Selon les conseils de Krishna dans la Bhagavad Gita, il faut en fait avoir le désir de quitter cette existence misérable, vouloir se détacher de la matière avant qu’on n’y soit obligé par la mort, et ce en spiritualisant notre vie. À l’image du fer qui peut changer de nature au contact du feu pour adopter certaines caractéristiques propres au feu bien qu’il en soit différent, c’est en s’absorbant dans des activités spirituelles, et non par le refus de l’action, qu’on peut se détacher des actions matérielles et de leurs conséquences karmiques. L’action spirituelle a pour effet le réveil de notre vraie nature, qui se situe au niveau du Brahman, décrit dans la Bhagavad Gita comme l’éternité d’où nul ne revient jamais.

Un Principe fondamental de toute activité, est que cette âme n’aspire qu’à agir au niveau du daiva-sampat, les valeurs morales et spirituelles énoncées dans le 16ème chapitre de la Bhagavad Gita. L’être humain a toutes les capacités pour percevoir la Vérité Absolue, et tel devrait être le but de son existence, athato brahma jijnasa. L’intelligence humaine est conçue dans ce seul dessein d’appréhender la source de toute chose. En ce qui concerne les divers états de bonheur et de malheur que peut ressentir l’être humain, ils proviennent tous de son karma passé, et il n’y peut rien changer tant qu’il ne s’élève pas dans la compréhension-même de l’existence. « Tasyaiva hetoh prayateta kovido » (SB 1.5.18), le destin ne saurait être modifié. Quiconque éveille son intelligence à la réalité spirituelle peut comprendre que le destin des êtres est pré-établi, à moins de développer une relation personnelle avec la source de toutes choses. Dans notre présente condition cette relation n’est pas manifeste, mais avec une compagnie appropriée, avec l’œil avisé des Védas, et avec un certain entraînement, l’on peut en réalité améliorer son destin, Karmani nirdahati kintu ca bhakti-bhajam (BS. 5.54).

Aimer l’humanité, c’est vouloir l’élever à la juste compréhension du but ultime de l’existence. et non la laisser dans l’ignorance du sens-même de son existence. L’éclairer de la connaissance, l’aider à comprendre sa nature spirituelle « aham brahmasmi« , et à se relier au Brahman Suprême, ceci est alors une œuvre humanitaire bien réelle.

Extraits de « Solutions pour un âge de fer » ch.1 (ed BBT 1999) et « Dialectic spiritualism », par AC Bhaktivedanta Swami Prabhupada, BS : Brahma Samhita, SB : Srimad Bhagavatam

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