Notions védiques sur l’éducation par Iskcon

Selon la Brihadaranyaka Upanisad (2.4.5), il existe trois niveaux, trois modes d’acquisition du savoir :
Sravana : en l’écoutant, en le recevant de la bouche d’un maître ou d’un parent
Manana : en stimulant son propre discernement par une réflexion sur ce que l’on apprend
Nidhidhyasana : en réalisant, en intériorisant et en incarnant soi-même ce savoir.

Dans la tradition védique, on accorde en effet une très grande importance à la transmission directe du savoir, de la bouche des maîtres autorisés qui appartiennent à une lignée reconnue et transmettent la connaissance telle qu’ils l’ont eux-mêmes reçue et réalisée, un savoir qui corrobore en tous points les textes pluri-millénaires que sont les Védas.
Ce savoir est qualifié d’apauruseya, qui veut littéralement dire « qui n’est pas d’origine humaine ». Ce terme est utilisé en particulier par les courants Védanta et Mimamsa pour signifier le caractère révélé et incréé des Védas.

Par l’écoute attentive, on acquiert un savoir ; par sa compréhension et sa pratique on gagne un savoir-faire ; et en conjuguant connaissance et compétences on atteint des réalisations, une certaine sagesse et des valeurs qui, en mûrissant, n’attendent que d’être partagées. D’où le principe éducatif essentiel que l’on ne saurait être un bon enseignant sans déjà être un bon élève, et que l’on cesse d’ailleurs d’être un enseignant qualifié dès lors qu’on oublie de se voir soi-même comme un éternel apprenti, comme si l’on n’avait plus rien à apprendre.

Voici les six branches du savoir abordées dans les écoles de tradition védique, que l’on trouve en Inde sous le nom de gurukula et dans les écoles sous contrat Avanti schools en Angleterre :
 l’art de la mémorisation ; par la lecture, l’apprentissage et la récitation de mantras
 la science de la communication et du langage ; avec la grammaire, le vocabulaire, la phonétique
 les rituels et les pratiques ; à l’exemple des kalpa et pancharatrika
 les mathématiques, cosmologie, astronomie et astrologie (jyotisha)
 la philosophie et la logique ; comme les bhagavat vidhi, anviksiki et nigama
 les sciences civiques et sociales ; les éthiques du dharma et des puranas
Ce savoir se conjugue avec un apprentissage constant du seva, le service accompli avec humilité et dans un esprit de profond respect.

Les valeurs à la base de toute éducation védique, qu’elle se fasse au sein de la cellule familiale ou dans une structure scolaire spécifique, sont les valeurs éternelles du Sanatana Dharma que le Srimad Bhagavatam 7.11.8 décrit comme suit :
Satya : la vérité, la véracité
Daya : la compassion
Tapas : l’ascèse, le contrôle de soi
Saucam : la pureté, la propreté.

Mais l’éducation, au sens védique, ne concerne pas que les enfants, c’est un enseignement et un apprentissage de toute une vie.

Un enseignement authentiquement védique donne accès à une profonde réalisation de l’être dans sa globalité, à la fois dans son aspect immanent et dans son aspect transcendant. La priorité de ce système éducatif est de favoriser l’élévation de l’étudiant, de lui faire comprendre sa nature d’être spirituel éternel en même temps que l’aspect fini et temporel de ce monde, et de vivre en équilibre entre les deux.

Dans la pratique, le Niti sastra de Canakya Pandit (sloka 10) nous dit des hommes que celui qui voit toutes les femmes, exceptée son épouse, comme sa propre mère ; pour qui les biens d’autrui n’ont pas plus d’attrait qu’une poignée d’argile et qui considère tous les êtres vivants comme ses égaux, voilà ce qu’on appelle un véritable érudit.

Quant aux spécialistes modernes de l’éducation, ils la divisent souvent en trois catégories principales :
 la connaissance : ce que l’étudiant devra savoir
 les compétences : ce que l’étudiant devra pouvoir faire
 les valeurs et comportement : qui l’étudiant va devenir.

L’objectif de l’éducation doit donc être de développer le caractère ; connaissances et expertise externes jouant un rôle de soutien.
Le modèle védique d’éducation est en parfaite adéquation avec une telle analyse moderne en termes de connaissance, compétences et valeurs. On peut même suggérer qu’il embellit positivement notre compréhension de l’éducation et son but ultime.

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