La religion en Inde est encadrée par une variété importante de textes sacrés et philosophiques. Ces ouvrages souvent volumineux sont reconnus dans le monde entier pour leur rigueur conceptuelle et leur valeur littéraire. Les plus anciens et les plus fondamentaux sont les Védas. L’origine, l’auteur, la datation, la taille des védas ne sont pas connus. Ils sont comme une forêt dense difficile à pénétrer. Ce sont des textes ‘révélés’ que les rishis ont reçus dans leur méditation. Ils sont « a-purusha » : pas d’origine humaine. Dans l’état de méditation profonde, toute trace d’ego ayant disparu, les Rishis d’ il y a des milliers d’années, ont eu accès directement aux vérités ultimes et éternelles, qu’ils ont ensuite retransmises pour le bien de tous.
Les védas ainsi conçus (veda veut dire connaissance, sagesse) ont été classifiés par le sage Véda Vyasa en 4 groupes Rik, Yajur, Sama and Atharvana.
«Chaque fois que j’ai lu une partie ou une autre des Védas, je me suis senti illuminé d’une lumière céleste et inconnue. Dans les grands enseignements des Védas, il n’y a aucune trace de sectarisme. Ils sont éternels et universels, ils embrassent tous les domaines et sont la route royale pour parvenir à la Grande Connaissance.»
Henry David Thoreau (1817-1862) naturaliste, philosophe et écrivain américain.
Les Védas parlent de la noblesse et de l’unité de tous les êtres humains (krinvanto vishvam aryam). Le mantra 10-13-1 du Rig Véda s’adresse à l’humanité toute entière en l’appelant «enfants de l’immortalité»: Shrunvantu vishve amritsya putraha.
D’innombrables mantras soulignent l’universalité, la fraternité, l’harmonie, l’unité et ce qui est commun à l’ensemble de l’humanité. En voici quelques illustrations. Dans le mantra 5-60-5 du Rig Véda, le poète divin déclare:
«Tous les hommes sont frères; personne grand, personne n’est petit. Tous sont égaux».
Le dernier mantra du Rig Védainsiste encore d’avantage sur l’unité et l’harmonie de l’humanité toute entière: Samani va âkuti,samana hridyani va, samanam astu vo mano, yatha va su saha asti:
«Soyez unis dans vos buts, dans vos cœurs, dans vos esprits et que votre unité se renforce sans cesse».
Ces thèmes sont chers à Amma.
Note: Bien que l’écologie soit un concept moderne, c’est dans les Védas que l’on trouve sans doute le plus ancien hommage jamais rendu à la Nature. L’Atharva Véda contient le «Prithvi-sukta», l’Hymne à la Terre. Les sages védiques considéraient la Terre comme étant sacrée et inviolable. Le mantra 12.1.12 de l’Atharva Véda appelle la Terre, la mère et l’humanité, ses enfants (Mata bhumih putro aham prithivyaha) et sollicite ses bénédictions. Selon le Prithvi Sukta, «la Mère Terre est ornée de hauteurs, de pentes, de plaines, de collines, de montagnes, de forêts, de plantes, d’herbes médicinales et de trésors ; et elle veille sur toutes les créatures qui respirent et qui bougent. Puisse-t-elle nous apporter la joie, la richesse, la prospérité, le bonheur et la gloire!»
L’aspect spéculatif des Védas est compilé dans les Upanishads, nombreuses, dont les principales sont au nombre de 108 et les plus célèbres au nombre de 10: Isa, Kena, Katha, Prasna, Mundaka, Mandukya, Taittiriya, Aitereya, Chandogya and Brihadaranyaka. Ces textes sont d’une beauté et d’une profondeur saisissantes, sont des sources d’inspiration pour l’Orient comme pour l’Occident, et ont fait l’objet de nombreux commentaires de part le monde.
Deux épopées occupent également une place fondamentale dans toute la culture indienne, le Ramayana de Valmiki, l’histoire du roi Rama et surtout le Mahabharata de Vyasa, qui comprend la célèbre Bhagavad Gîtâ. La Bhagavad Gîtâ, le chant du Seigneur Krishna, est considérée comme contenant l’essence de toute la philosophie et la tradition du sanatana dharma.
Le corpus des Puranas révèle aussi des textes ayant une portée essentielle. Ce sont des recueils où les faits relatés sont enchaînés les uns aux autres dans un ensemble poétique, avec des récits se rapportant aux plus grandes périodes de l’histoire de l’Inde, des contes et légendes, des réflexions philosophiques particulièrement poussées et aussi des exposés de théologie qui le sont tout autant. La plus célèbre est sans aucun doute le Bhagavata Purana, ou Srimad Bhagavatam, qui est un récit de la vie du roi Krishna.
Il existe également une infinie variété de textes dévotionnels. Le Lalita Sahasranama, le Saundarya Lahari célèbrent ainsi la Mère Divine. Les bhakti-sutras selon Narada définissent l’amour suprême. Rentrent également dans cette catégorie les poèmes plus récents de mystiques populaires tels que Tulsidas, Mirabaï, Kabir ou encore Toukaram.
Des écrits plus proprement philosophiques (en Inde la philosophie est toujours aussi pratique et expérimentale) constituent également des piliers de la tradition indienne. Il s’agit par exemple du parfait ‘manuel’ des Yoga Sutras de Patanjali ou des écrits de
Sankaracharya, un grand philosophe indien du 8ème siècle originaire du Kerala et père de l’Advaïta Vedanta, la philosophie de la non-dualité.