L’éducation pour les Brahma Kumaris

L’éducation dans le cadre de la Promotion et de la Protection des Droits de l’Homme

Déclaration écrite des Brahma Kumaris, ONG au statut consultatif général – Ecosoc (Conseil Economique et Social des Nations Unies) – Commission des Droits de l’Homme – Mars 2006

Quels sont les besoins des gens aujourd’hui au regard de l’éducation ?

Il n’y a jamais eu autant de gens « éduqués » dans le monde et pourtant la violence, la peur et la méfiance y semblent plus ancrés que jamais. Si l’on considère la liste sans fin de violation des droits de l’homme et les menaces qui pèsent sur notre survie, et si on les met en regard de notre formidable potentiel créatif, il est évident que l’éducation devrait offrir une vision du monde plus profonde et s’atteler à renouveler les concepts avec lesquels nous abordons tant nos impasses que notre potentiel.

Le rythme accentué du changement impose un véritable défi aux autorités qui doivent définir des programmes scolaires dont le bien-fondé s’inscrit dans un certain contexte culturel et social, tout en étant assez flexibles pour rester pertinents dans le temps. A cet égard, alors que l’impact considérable de la mondialisation et la révolution des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) – et de ChatGPT dirions-nous aujourd’hui !   suscite l’inquiétude, un autre défi selon nous est de maintenir une perspective de plus long-terme sur le rôle que doit jouer l’éducation dans le développement personnel et social : soutenir les valeurs qui fondent le meilleur de notre héritage commun d’êtres humains ; inventer de nouvelles façons de penser et d’être ; faciliter de meilleures interactions entre nous et avec le monde autour de nous.

Au XXIe siècle il s’avère nécessaire de réviser notre approche de l’éducation. Les vérités scientifiques sont souvent enseignées comme si elles étaient incontestables, sans que soit prise en compte la vision du monde qui prévalait à l’époque de leur production. Une approche lucide de l’histoire et de la philosophie des sciences s’imposerait donc dans tout programme afin de comprendre l’origine de la vision réductionniste du monde scientifique occidental et son influence dans le monde d’aujourd’hui. Nous pensons que ce n’est pas à la machine de dessiner notre avenir, c’est au potentiel humain de prendre de l’avance sur la technologie afin de nous conduire vers un usage sensé et responsable des connaissances techniques.

L’actuelle vision du monde qui sous-tend l’éducation repose sur la marginalisation et la distorsion de la dimension spirituelle de l’existence. Dès le plus jeune âge nous sommes orientés vers l’action plutôt que vers la réflexion. Nos valeurs tendent à être modelées par les circonstances extérieures et le conditionnement social, plutôt que par une conscience intériorisée. C’est ainsi que l’une des plus grandes forces de changement, celle d’une conscience éveillée, a été largement mise de côté. Elle est pourtant essentielle pour soigner la planète, construire la paix et la civilisation du futur.

Une compréhension transcendante de nous-même, bien que rarement enseignée dans les systèmes éducatifs, est un composant essentiel d’un meilleur futur. Dans cette optique, introduire le développement de valeurs spirituelles au centre du processus éducatif pourrait aider à solutionner nombre des crises auxquelles l’humanité est confrontée aujourd’hui.

De nombreux jeunes sont à la recherche de valeurs-guides et d’une vision nouvelle du futur. Une vision puissante procure un nouvel espoir mais aussi la force d’avancer et d’apprendre des erreurs du passé. Le rationalisme qui imprègne actuellement le discours social, politique, éducatif, culturel et économique, crée un cadre limité, unidimensionnel, qui laisse peu de place aux réalités non matérielles. La tendance à la surspécialisation constatée à l’Université met l’accent sur les besoins pratiques du monde, échouant ainsi à préparer les jeunes à affronter les défis de la vie. Cette analyse réductrice de l’humanité et de son potentiel crée un monde de plus en plus intenable. Nous devons nous autoriser à mettre la spiritualité au cœur de l’éducation.

Une nouvelle approche éducative implique, en sus des connaissances académiques, une gamme de valeurs non matérielles en matière de liberté et de dignité personnelle, d’éducation et de santé. Dans un monde globalisé, les conflits intra et inter-religieux sont incessants. Instaurer la paix suppose donc de développer une force intérieure qui procure la paix de l’esprit aux hommes comme aux femmes. La paix, et pas seulement l’absence de guerre, si elle est constamment activée, peut illuminer la vie des gens.

Le mot ‘éducation’ signifie se développer de l’intérieur. Ce qui implique de reconnaître l’être intérieur afin de le faire grandir en force spirituelle, en capacités et talents. Chacun devient ainsi plus créatif et capable de faire face aux défis de la vie de manière positive et déterminante. L’éducation est un processus où l’on apprend à être, à s’enrichir spirituellement et matériellement, ainsi qu’à vivre ensemble dans la paix et l’harmonie.

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