Dans le monde d’aujourd’hui les valeurs matérielles ont pris la première place et repoussent au loin les valeurs spirituelles. Les jours saints sont devenus des occasions pour se promener au bord de la mer, à la campagne ou à la montagne. Les prières, la contemplation et la méditation sont considérés comme une psychothérapie, une façon d’être plus efficace dans l’action et de mieux gérer le stress, la tension nerveuse.
Pourtant, l’homme est divin par essence. Son premier besoin est la libération de l’âme ; ce n’est pas la satisfaction des sens, le plaisir ou le pouvoir. Les souffrances de la vie ne viennent pas d’une vengeance de Dieu, de la chance, du hasard, d’étoiles ou de planètes hostiles, ou encore d’un quelconque agent extérieur. La violence, les souffrances sont causées par la séparation de notre être réel. Les causes en sont l’égoïsme, l’attachement, l’aversion, un intérêt trop fort pour la vie, etc…
Nous voyons beaucoup de destructions, de ravages, de tromperies. Mais nous voyons aussi des gens s’éveiller, coopérer, se rencontrer librement dans la plénitude de leur être. Nous pouvons pratiquer cela partout, au travail, dans notre communauté, à la maison. Nous ne devrions jamais comparer le sacré et le profane. Le sacré est toujours là, avec nous.
Pouvons-nous élargir notre vision aux centaines de millions de nos frères et sœurs qui vivent des situations de grande injustice, de grande pauvreté, de tyrannie, de pertes, de chagrin, de violence ou de mort ? Pouvons-nous visualiser ces désastres globaux et nous unir à eux ? Lorsque nous créons cette relation, toutes nos souffrances personnelles deviennent insignifiantes ! Un cœur largement ouvert nous donne la force d’affronter directement le monde.
Cette compétition, cette cruauté, cette horreur et les soupirs de notre cœur sont l’état des choses de notre monde. Si cela était la création de Dieu, ce Dieu-là serait plus que cruel, pire que n’importe quel démon imaginable. Non, ce n’est pas la faute de Dieu si cette injustice règne, si cette compétition existe. C’est nous-mêmes qui en sommes la cause. Le nuage déverse la pluie de la même façon sur tous les champs. Mais c’est seulement le champ bien cultivé qui obtiendra l’avantage de l’averse ; un autre champ, qui n’a pas été labouré ou dont on n’a pas pris soin, ne peut pas obtenir le même avantage. Ce n’est pas la faute du nuage. La miséricorde de Dieu est éternelle et immuable ; c’est nous qui créons la différence.
Deux sources de force se rencontrent dans notre monde. L’une est la force de la haine, celle de ceux qui ne craignent pas de tuer ! L’autre, qui lui est supérieure, est celle de ceux qui ne craignent pas de mourir pour la cause de leurs frères humains, comme le Mahatma Gandhi. Cette force du cœur et de l’être corrige et rachète la vie humaine en toutes circonstances.
Nous devons nous éveiller. « Dressez-vous ! Éveillez-vous ! N’arrêtez pas jusqu’à ce que le but soit atteint ! » est l’appel vibrant de Swâmi Vivekânanda. Nous devons être honnêtes en des temps malhonnêtes. Au lieu de combattre pour des principes, vivons pour eux ! Ne soyons effrayés de rien. C’est la peur qui est la grande cause de toute la misère du monde. C’est la peur qui est la plus grande de toutes les superstitions. C’est la peur qui est la cause de nos malheurs et c’est l’absence de peur qui amène le paradis dans le moment présent.
Les souffrances du monde ne peuvent pas être soulagées par une aide seulement physique. Jusqu’à ce que la nature de l’homme change, ses besoins physiques vont s’élever avec les souffrances qu’aucune quantité d’aide physique ne pourra guérir complètement. La seule solution à ce problème est de rendre le monde pur. L’ignorance est la mère de tous les maux et de toutes les souffrances.
Une vie juste accentue la sensibilité morale, le désintéressement, l’amour, la compassion. La libération de l’âme n’est possible qu’en vivant avec modération, par la discrimination (viveka) et l’étude du Soi. Seule une vie vécue dans ce sens est une vie réfléchie, véritable et signifiante.
La non-violence par temps de crise par Swami Veetamohananda