La non-violence et la guerre

Un soldat engagé au combat rêve sûrement de paix mais doit avant tout se battre. Des combats qui peuvent être féroces, angoissants ! A-t-il lui-même voulu ces combats ? La plupart du temps non, il n’a pas choisi d’être là et ne fait que suivre des ordres…
N’est-il d’ailleurs pas significatif que ce soit précisément sur un champ de bataille qu’ait été prononcé le principal texte sacré de la sagesse hindoue, la Bhagavad Gita ? C’est là que Krishna énonce au guerrier Arjuna des enseignements de vie éternels, qui plus de 5 000 ans après résonnent toujours très profondément pour chacun d’entre nous :

– tout d’abord, la vie est un combat dont on arrive à s’extraire en comprenant que nos corps ne sont que des enveloppes temporaires, et qu’il est futile de vouloir vivre pour ce corps mais au contraire vivre avec le corps et tolérer les joies et les peines qu’il subit tout au long d’une vie comme autant de saisons qui vont et qui viennent de façon cyclique sans qu’on les ait invitées ;

– ensuite, il est indispensable de comprendre notre vraie nature, spirituelle, éternellement connectée à sa source divine, comme autant d’étincelles individuelles qui jaillissent d’un immense feu originel ;

– enfin, accomplir son devoir sans rien attendre en retour constitue le dharma, la vraie religion.

Sur ce champ de bataille Arjuna se comporte en guerrier. Il doit livrer combat pour protéger la société de son temps de la corruption, de l’immoralité et de l’irreligion. Il se bat. Pas question pour lui de rester en prières au nom d’une  » non-violence  » qui laisserait s’installer tous les fléaux que nous venons de citer. Au final, lui et ses frères seront victorieux car au bout du compte le Bien l’emporte toujours sur le Mal.

Le Mahatma Gandhi, apôtre de la non-violence et fondateur de la nation indienne, lisait d’ailleurs quotidiennement la Bhagavad Gita et s’en inspirait dans tous ses actes. La transformation d’une société passe en effet d’abord par la transformation de tous ses citoyens. Respecter chaque vie est le propre des personnes civilisées. L’encouragement à tous types de violence pousse au contraire à l’opposé.

Aspirons tous, en ce jour de commémoration, à un changement de cœur profond qui nous permettra de comprendre le sacrifice ultime qu’ont fait tous ces soldats en se battant contre l’ennemi.

Mais comprenons aussi que notre ennemi se situe avant tout à l’intérieur-même de nous et qu’il s’appelle avidité, désir de jouissances illimitées qui profitent des autres pour se satisfaire, ou accumulation de richesses par l’exploitation des plus faibles et contemplation de notre ego surdimensionné qui pense que nous sommes les seuls au monde.

OM SHANTI…….HARE KRISHNA »

Allocution prononcée par le président de Festival de l’Inde, Nitai.Gaurasundara, le 14 septembre 2019 au mémorial de l’OTAN à Frethun, Pas-de-Calais, lors de cérémonies commémoratives à la mémoire des soldats disparus au combat.

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