Encourager les enfants à observer et à s’intéresser par Daaji (Heartfulness)

Si on vous demande : « Comment allez-vous ? », que répondez-vous ? Dites-vous toujours : « Oh, je vais bien
», même si ce n’est pas le cas ? Cela donne à réfléchir : nous accordons-nous un instant d’observation avant
de répondre à ce genre de question ? Sommes-nous en contact avec ce que nous ressentons vraiment ?
Exprimons-nous exactement ce que nous avons observé ? Devons-nous l’exprimer totalement aux autres ?

Exercices simples
Une des choses essentielles que nous pouvons apporter à nos enfants est de les encourager à cultiver
l’habitude de l’observation avant qu’ils s’expriment ou arrivent à une quelconque conclusion. L’observation et
l’intérêt sont parmi les outils les plus importants pour tout apprentissage dans la vie et ils sont
interdépendants. L’intérêt vient souvent en premier ; si vous êtes intéressé par quelque chose, vous allez
observer et apprendre. Mais parfois, c’est en observant que nous éveillons notre propre intérêt. Cela peut
fonctionner dans les deux sens, c’est comme une boucle de rétroaction positive (N.D.T. comprendre dans ce
contexte « un cercle vertueux »), plus votre intérêt est grand, plus il y a de chances que vous observiez et plus
votre intérêt grandit.
Il existe des moyens pour encourager nos enfants, dès leur plus jeune âge, à explorer leur capacité à
s’intéresser et à observer. Le premier est d’être un modèle : les enfants vont s’intéresser aux choses que nous
trouvons intéressantes, surtout les petits. Ils nous observent et cela éveille indirectement leur intérêt.
Lorsqu’ils grandissent, c’est différent ; leur intérêt se fonde sur leur voix intérieure. Mais plus tard cette
capacité à s’inspirer de l’intérêt des autres et donc à observer, crée leur destinée.
Le deuxième consiste à leur apprendre à exercer activement leurs sens en leur posant des questions.
Lorsque les enfants commencent à apprendre consciemment, disons vers deux ans, encouragez-les à écouter.
Asseyez-vous tranquillement en silence avec vos jeunes enfants et demandez-leur d’observer ce qui se passe
autour d’eux : « Entends-tu des oiseaux ? Ferme les yeux et écoute encore une fois : entends-tu autre chose
que les oiseaux ? Combien d’oiseaux entends-tu ? » Vous pouvez aussi leur demander : « Que vois-tu autour
de toi ? »
Aidez-les à développer leur sens de l’orientation en devenant attentifs. Lorsque je me promène dans Kanha
Shanti Vanam où j’habite, j’emmène souvent ma petite-fille avec moi. Elle a deux ans et demi à présent, et à
chaque intersection, je lui demande : « Dois-je aller à droite ou à gauche ? Par ici ou par là ? » Et à chaque fois,
elle choisit la bonne direction. Ainsi, en lui demandant toujours dans quelle direction je dois aller, elle se
souvient que la fois suivante son grand-père va lui reposer la question, et son esprit reste très en éveil.
Parfois je l’emmène sur la terrasse et lui demande si c’est le matin ou le soir. Au début, j’avais tracé deux
lignes sur la terrasse : quand le soleil est d’un côté, c’est le matin, et quand le soleil est de l’autre côté, c’est le
soir. Maintenant, elle n’a plus besoin de regarder ces lignes. Elle sait si c’est le matin ou le soir et elle est
capable de dire que le soleil se lève de ce côté-ci le matin ou que le soleil se couche de ce côté-là. Son sens de
l’orientation a donc été développé dès son plus jeune âge. Même certains adultes ne savent pas de quel côté
le soleil se lève quand ils sont chez eux. Ils se grattent la tête et font un effort de réflexion avant de répondre :
« Oh ! Il se lève de ce côté. »
De même, lorsque vous sortez ou que vous vous rendez chez quelqu’un et que vos jeunes enfants vous
accompagnent, posez-leur des questions une fois de retour à la maison : « Qu’as-tu observé ? Par où es-tu
entré dans cette maison, par l’est ou par le nord ? Combien de canapés as-tu remarqués ? De quelles couleurs
étaient-ils ? Quelle était la couleur des murs et du plafond ? Comment étaient habillés les membres de la
famille ? De quoi parlaient les enfants de cette maison ? Intéressez-vous aux messages qu’ils ont essayé de
transmettre dans leurs échanges.

Lorsque vous vous promenez avec vos jeunes enfants, invitez-les à sentir le parfum des fleurs que vous
rencontrez en chemin, sans les cueillir. Incitez-les à distinguer leurs différents parfums. Faites-leur découvrir
les différences de toucher entre les feuilles qui sont dans le jardin, et aussi entre les tissus qui sont dans la
maison – le tissu du canapé, celui de votre pantalon ou de votre robe, le tissu de votre veste. Encouragez-les à
ressentir, afin qu’ils apprennent à différencier grâce au toucher. Cela contribue également au développement
de leur cerveau. Ils seront capables de se souvenir et de développer un sens plus fin du toucher, de l’odorat,
de la vue et de bien d’autres choses encore.
Le troisième consiste à encourager leur créativité et leur originalité. Par exemple, lorsqu’ils sont vraiment
heureux et joyeux, les enfants inventent souvent leurs propres chansons. J’ai observé que les enfants
inventent très vite des chansons et c’est amusant à voir. Demandez-leur : « Parle-moi de cette chanson.
Pourquoi est-elle si drôle ? Est-ce qu’elle est drôle ou est-ce que c’est toi qui es drôle ? » D’autres enfants
aimeront dessiner ou peindre, ou encore fabriquer des objets à partir de matériaux recyclés que vous
récupérez.
Le quatrième consiste à les laisser explorer leurs sentiments, leurs émotions et leurs humeurs. Peu à peu
des représentations commencent à émerger de l’intérieur et toutes les différentes humeurs qui colorent la vie
quotidienne. Vous exposez vos enfants dès leur plus jeune âge aux nuances de leurs émotions et de leurs
humeurs, ce qui peut parfois les affecter au point de les fatiguer physiquement. Parfois ils pleurent, et après
avoir pleuré ils disent qu’ils se sentent très fatigués. Ainsi, en posant des questions et en revenant sur ces
questions, vous mettez en lumière leurs sentiments.

Progression
Vous pouvez porter progressivement vos exercices d’observation à un niveau supérieur. Au début,
commencez par leur demander : « Qu’est-ce que tu entends ? Qu’est-ce que tu vois ? » Puis continuez : «
Qu’as-tu ressenti pendant cette conversation ? » À chaque instant, posez-leur la question : « Qu’est-ce que tu
ressens en ce moment ? Pas seulement les pensées qui te passent par la tête, mais ton état intérieur ? Es-tu
paisible ? Es-tu calme ? Es-tu tranquille ? Es-tu heureux ? Es-tu joyeux ? Es-tu dans un état de béatitude ? » Il
existe toute une palette de sentiments. La plupart des adultes ne parviennent même pas à faire la différence
entre le bonheur, la joie et la béatitude, mais quand nous nous y intéressons ces différences nous aident à
comprendre ce qui se passe dans notre évolution intérieure. Et de telles choses s’apprennent très facilement
si on s’y intéresse et qu’on les observe. Lorsque les enfants sont encouragés régulièrement à exercer leur
attention, même s’ils ne connaissent pas les mots, ils seront capables de vous dire : « Cet état que tu appelles
béatitude est plus léger ; cet état que tu appelles bonheur est plus lourd et cet état que tu appelles joie se
situe quelque part entre les deux. » De même, si les enfants se sentent tristes, aidez-les à découvrir toutes les
nuances de la tristesse.
Ils apprendront progressivement à maîtriser leur perception des différents ressentis ; c’est la direction dans
laquelle nous cherchons à aller. Vous pouvez de temps en temps leur poser une question précise : « Te sens-
tu fatigué, mon chéri ? Comment se sent-on quand on est fatigué ? » Lorsqu’ils sont vraiment, vraiment
fatigués et que vous leur demandez « Es-tu fatigué ? », ils vous répondront oui et ils sauront que « Oh, c’est
cela la fatigue. » Ils seront capables de l’exprimer. Lorsqu’ils sont bien reposés et heureux, vous pouvez leur
poser une question très précise : « Comment se sent-on quand on est bien reposé ? »
Là encore, c’est bien enregistré par leurs facultés intérieures trans-sensorielles. Lorsque vous posez une
question précise au bon moment, elle atteint son but.

Approfondissement
Nous commençons par inciter nos enfants à observer le monde extérieur. Plus tard, nous les encourageons à
réfléchir sur leurs pensées, puis sur leurs ressentis. Encore plus tard, au moment de l’adolescence, nous leur
demandons d’observer leur rythme respiratoire : « Comment respires-tu, rapidement ou lentement ? »
Demandez-leur d’observer leur respiration quand ils sont heureux et quand ils sont en colère. Demandez-leur

d’observer la narine dominante quand ils respirent : « À différents moments de la journée, comment
fonctionnent tes narines ? » Ne leur donnez pas de réponses, mais laissez-les observer et noter dans leur
journal : « À ce moment de la journée, j’ai remarqué que la narine droite ou la narine gauche était
dominante.» Ils pourront alors étudier les modèles qui se dégagent de leurs notes.
Puis nous leur demandons de ressentir à un moment précis s’ils rayonnent de l’énergie ou en absorbent,
surtout dès qu’ils apprennent à méditer. C’est plus subtil encore. Finalement, l’accent sera mis plus tard sur
l’observation de la vacuité intérieure quand ils méditent : « Lorsque tu entres de plus en plus dans ta
dimension spirituelle, essaie d’observer le vide à l’intérieur de toi ; dans quelle mesure es-tu dans un état de
vide ? À ce stade, ils transcendent leurs ressentis.
Il y a donc des niveaux et des niveaux d’observation, des dimensions et des dimensions à partir desquelles on
voit, à partir desquelles on ressent. Et cet entraînement simple peut commencer très tôt. Les enfants
apprennent d’abord à utiliser leurs sens pour observer des choses extérieures. Puis, ils développent leur
capacité en tournant ces mêmes aptitudes vers l’intérieur, pour observer leurs pensées, leurs ressentis, leurs
émotions et leurs humeurs. Ensuite, ils développent encore leur capacité pour observer leur respiration, leurs
schémas énergétiques et leurs vibrations intérieures. Et finalement ils développent la capacité d’aller au-delà
de l’énergie pour explorer la vacuité.
Tous les enfants sont différents. Notre rôle est de les inspirer. Par exemple, quand je suis assis sur ma chaise
en train de méditer, ma petite-fille dit : « Chut, Dada médite », et elle va s’asseoir tranquillement dehors. C’est
aussi une forme d’apprentissage. Lorsque les enfants vous voient méditer, ils essaient de vous imiter. C’est un
beau spectacle à voir. Je conseille souvent à mes amis : « Quand vos enfants ont trois ou quatre ans et qu’ils
essaient de vous imiter en train de méditer, prenez une photo et mettez-la dans leur chambre. Quand ils
grandiront, vous pourrez leur dire : « Il fut un temps où tu t’intéressais à la méditation. Essaie de voir ce que
tu ressens maintenant. » Ils se connecteront émotionnellement à eux-mêmes et, qui sait, se mettront peut-
être à méditer sérieusement : « Je le faisais quand j’avais trois ou quatre ans. Je vais essayer de nouveau
maintenant. » Cela les inspirera également.
En substance, voyons comment nous pouvons amener nos enfants à s’intéresser à divers aspects de la vie.
Lorsqu’ils s’y intéressent, ils observent et, de cette observation ils tirent leurs propres conclusions.

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